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De l’intention dans le geste photographique : Réflexions autour d’un déclenchement conscient

  • Photo du rédacteur: Lo Kee
    Lo Kee
  • 11 juin
  • 2 min de lecture

Aujourd’hui, j’avais envie de parler d’un sujet qui me travaille depuis une conversation avec des collectionneurs il y a quelques jours : la question de l’intention dans le geste du photographe.


Alors, je précise tout de suite : je ne vais pas parler de l’intention au sens large, celle qui distingue souvent, à mes yeux, un photographe amateur d’un photographe pro. Vous savez, le pourquoi on déclenche, ce qu’on cherche à dire, à montrer etc. Non, cette fois, c’est d’une autre forme d’intention dont je veux parler. Quelque-chose de presque… métaphysique.


Kyudo, un archer traditionnel japonais
L'art du Kyudo, le tir à l'arc traditionnel japonais

Henri Cartier-Bresson, a souvent comparé la photo au tir à l’arc. Mais pas n’importe lequel : celui des archers japonais dans la tradition zen. Ces archers-là ne visent pas vraiment la cible. En fait, ils ne pensent même pas à la cible. Ce qui leur importe, c’est le geste. Tout est dans la conscience du corps, du mouvement parfait. Et quand la flèche atteint la cible, c’est presque secondaire, c’est le fruit du bon geste.


Et de fait, pendant cette fameuse conversation, nous en sommes venus à parler du geste conscientisé. J’expliquais que parfois il m’arrivait de me retrouver à côté d’un membre de ma famille et alors que nous sommes l’appareil à la main, devant le même paysage, au même moment, à quelques centimètres l’un de l’autre… nos photos n’ont rien à voir.


Et là, je ne parle même pas de technique, cadrage, résolution ou autre mais d’âme. La sienne est, au mieux, correcte, au pire quelconque ; la mienne, elle, a ce petit je-ne-sais-quoi en plus.



Et là, le collectionneur rebondit sur l’argument et me dit que c’est surement parce-que la plupart des gens prennent des photos pour garder un souvenir, alors que moi, quand je déclenche, c’est pour « laisser advenir ».


Et c’est vrai que j’en parle souvent pour présenter mon travail. Face à un paysage, je ne cherche pas à photographier ce que je vois mais ce que je ressens. Je cadre sans trop y penser, je déclenche sans chercher à « réussir » ma photo, je vise sans viser… C’est un geste fluide, presque instinctif, mais hyper conscient. Comme si tout se jouait à la frontière entre le contrôle et le lâcher-prise.


Je vous avais prévenu, on flirte avec le métaphysique !


Depuis, cette conversation me trotte dans la tête. Parce que même si je ne suis pas quelqu’un de très « spirituel » à la base, je me rends compte que cette notion de geste conscientisé, on le retrouve dans plein d’autres disciplines. Le sport de haut niveau, par exemple. Avec des athlètes qui répètent leur geste des centaines de fois, jusqu’à pouvoir le faire avec une précision folle sans plus y penser.


Alors voilà, c’était ma réflexion du jour. Je ne prétends pas tout avoir compris, mais j’en viens à penser que le concept d’autoconditionnement, que l’on retrouve dans certains livres du rayon « développement personnel », n’est peut-être pas aussi bidon que je pouvais le penser.

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